Incroyable métier que celui de cocher ! Nous avons rencontré certains d’entre eux pendant la crise sanitaire qui a entre autres, paralysé le tourisme international en 2020. Abderrahim Tarchaoui, propriétaire de la calèche n°257 nous raconte son métier, qui demande une bonne dose de passion pour surmonter les difficultés.

 
 
 

« Cela fait 19 ans que je suis propriétaire de ma calèche, je l’ai héritée de mon père. Mon petit frère m’a rejoint il y a 9 ans, et nous travaillons à 3 cochers avec un ancien, plus âgé, qui travaillait déjà avec notre père.

Mon père était « patron de poche » comme on dit ici, depuis 1962, mais il avait aussi un magasin d’alimentation pour les animaux. Moi j’étais à l’école, mais l’année du baccalauréat, j’ai dû arrêter pour aider mon père qui s’est blessé. Je devais m’occuper du magasin. Après j’ai décidé d’apprendre les langues et je me suis rendu compte que les cochers avaient besoin de traduction avec tous les touristes qui ne parlaient pas français.

C’est comme ça que j’ai eu l’idée de travailler comme cocher, et en 2001 je suis devenu propriétaire de la calèche de mon père, cela fera 20 ans en février.

C’est un travail saisonnier, on travaille beaucoup 7 mois par an, pendant les vacances scolaires surtout. Et il y a les mois où on ne travaille pas du tout, on arrête au mois d’août quand il fait trop chaud pour les chevaux, et pendant le mois de Ramadan aussi.

En fonction des saisons, on vend ou on achète des chevaux, car plus on travaille, plus on a besoin de changer les chevaux, les journées sont trop longues pour eux, alors on en a jusqu’à 8. Mais quand on a moins de travail on les revend car ils nous coûtent très cher en nourriture.

Aujourd’hui avec la crise, il me reste 3 chevaux, avec mes 4 enfants, cela fait 7 bouches à nourrir.

Je suis Président de la Coopérative des Calèches Rouges, je me suis réuni avec 13 autres patrons pour acheter de l’orge et le distribuer à tous les chevaux.

Aujourd’hui on recommence un peu à travailler grâce aux associations qui nous trouvent quelques clients, et aussi les touristes marocains qui viennent des autres villes…

Mais on a d’autres problèmes : on a de moins en moins de places pour stationner les calèches dans la ville. Avant on avait une vingtaine de stations, maintenant il nous reste la Place Jemaa el Fna et quelques grands hôtels comme La Mamounia. »